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Quid de l'économie des usages dans la numérisation du patrimoine ?

 

J’ai assisté hier matin, à Bordeaux, dans les locaux du Conseil Régional d’Aquitaine à la conférence « Patrimoine, numérisation et accès aux savoirs », co-organisée par Aquitaine Europe Communication et l’agence ARPEL (voir portail de sites ).

 

Une salle comble face à des intervenants de qualité (institutionnels et industriels), dont Jean-Noël Jeanneney (célèbre et brillant président de la BNF), confirme l’importance et l’actualité du sujet pour les professionnels de l’information.
Les thèmes majeurs ont été une fois encore évoqués : Google Print, la bibliothèque numérique européenne, les enjeux culturels et les défis techniques de la numérisation, l’accès au savoir…la machine Internet
Au-delà des particularismes régionaux, peu de choses inédites durant cette matinée, ce qui n’enlève rien à la qualité des prestations.
Toutefois, une chose me surprend fortement. Lorsque la question des coûts et des financements de la numérisation est abordée, sont simplement évoqués avec plus ou moins de précision les investissements étatiques et les fonds européens. Qu’en est-il de l’économie de l’usage ? Je veux dire, dans le détail ?

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Étant temporairement installé de l’autre côté de la Manche, j’assiste à de nombreux colloques sur ces mêmes questions de numérisation. Si les enjeux et les défis sont partagés, notre manque de pragmatisme nous démarque complètement de nos voisins anglo-saxons pour ce qui est de l’approche budgétaire des projets, quelle que soit leur échelle.
Les débouchés économiques des contenus numérisés sont ici quantifiés et intégrés au plus tôt de la conception des projets : partenariats avec les grands médias nationaux, déploiement de services à forte valeur ajoutée comme la vente on-line et off-line de contenus dédiés aux industriels, aux scientifiques, aux enseignants, développement de produits multimédias et dérivés, mise en place de boutiques au sein des établissements culturels, etc.
Qu’est-ce que cela signifie ? Bien sûr, les projets ne sont pas pour autant plus ou moins nombreux de part et d’autre de la Manche. Ce qui me paraît différent, c’est que :
- pour la majorité d’entre elles, les initiatives de numérisation au Royaume-Uni sont à l’origine conçues autour d’une rentabilité connue, calculée, programmée,
- la question des usages, des publics et donc de la segmentation des services est intégrée en amont des projets,
- la faisabilité ne repose pas exclusivement sur les politiques de subventions.

 

Même si la numérisation du patrimoine est une évidence pour tous, je crois que les vrais enjeux seront compris et partagés par la grande institution comme par l’établissement culturel de la petite commune, par le responsable du ministère comme par le professionnel en charge de la manipulation, et par l’usager lui-même, quand la définition des projets s’appuiera davantage sur l’économie des usages et des services.
Est-il vraiment grossier de penser que, dans le domaine culturel aussi, l’innovation puisse être financée par la rentabilité ?

 

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