En 2001, un économiste américain, Edward Castronova, avait calculé que le jeu vidéo en réseau Everquest engendrait un PIB moyen de plus de 2000 dollars par an et par "habitant" de la planète Norrath (le nom du monde virtuel d'Everquest).
Comment est-ce possible ? Dès l'avènement de ces types de jeux en ligne (appelés MMORPG, Massively multiplayer online role-playing games), certains joueurs ont compris que la convoitise des objets virtuels échangés dans le jeu pouvait donner lieu à des transactions financières bien réelles. Du coup, sur les sites d'enchères, on trouve désormais des milliers d'articles en vente liés à World Of Warcraft, Guild Wars ou Lineage, pour citer les jeux les plus populaires. mais il existe aussi beaucoup de boutiques spécialisées dans la vente de "gold", que ce soit du Wow gold, Aion gold, Archeage gold... Aux USA, mais aussi en France ou encore en Suède où pour du wow guld on dit gold wow
Un petit tour sur ebay permettra ainsi de trouver un magnifique "seigneur de guerre chasseurs de trolls" pour 700$ (c'est la mise à prix) ou encore le très mignon guerrier Tauren (un genre d'humanoïde bovin, si j'ai bien compris), à 1100$. En fait, l'acheteur ne va pas vraiment acheter le personnage, mais plutôt le temps passé par le vendeur à faire vivre virtuellement ce dernier, à lui trouver des armes efficaces ou des objets magiques originaux.
De nombreux joueurs sont donc devenus des quasi-professionnels de ces jeux, passant plusieurs dizaines d'heures à développer un personnage, avant de le vendre sur le Net et de recommencer avec un autre. Entre-temps, ils peuvent aussi mettre en vente les armes ou objets magiques dénichés au cours du jeu, ou même carrément écouler de la monnaie virtuelle contre des vrais dollars.
Cette pratique a un nom : le gold farming (que l'on peut vaguement traduire par la "récolte d'or"). En Chine, notamment, ce phénomène prend apparemment de l'ampleur, avec l'apparition de nombreuses salles où des gens sont payés pour jouer ! Cela pourrait paraître le rêve, sauf que dans beaucoup de cas, les conditions de travail ne sont pas exactement idéales, avec des salaires de l'ordre de la moitié d'un dollar par heure pour des gens obligés de rester collé à leur écran de nombreuses heures d'affilées (certains de ces endroits fonctionnent 24h/24 en "deux/douze", comme en France on peut faire les trois/huit).
C'est au point que ces endroits sont souvent qualifiés de "sweatshops" (en anglais, cela désigne un atelier où les employés sont exploités). En résumé, c'est un peu comme pendant la ruée vers l'or californien de la fin du XIXe siècle : beaucoup de prospecteurs, mais au final, peu font vraiment fortune...