Hunger games (très mauvaise traduction de The hunger games soit dit en passant : pourquoi ce titre qui n'a strictement aucun sens ni en français ni en anglais alors que la traduction littérale, Les jeux de la faim, aurait été parfaite, voilà un mystère aussi insondable qu'un certain loch écossais) est, malgré son titre, chers happy few, un excellent roman. A mi-chemin entre les jeux du cirque (on remarquera d'ailleurs le nom de la Cité, Panem, comme un certain proverbe latin) et Les chasses du comte Zaroff (dont je recommande d'ailleurs chaudement la vision), ce roman est un thriller passionnant qui pose, comme son prédécesseur, bien des questions sur l'humanité et la bestialité qui sommeillent en chacun de nous. Mais l'argument de SF lui permet d'aller encore plus loin et de questionner le pouvoir politique et la manipulation qu'il a instaurée via ces jeux atroces mais présentés justement comme des jeux avec caméras omniprésentes, sponsors, styliste pour chaque candidat et paris pris dans tout le pays. Le lecteur regarde se dérouler sous ses yeux atterrés une mécanique parfaitement huilée qui va être mise à mal pour la première fois par la personnalité des candidats, que ce soit Peeta, qui fait une révélation tonitruante juste avant les jeux ou Katniss, jeune fille endurcie de 16 ans qui nourrit sa famille depuis des années et qui est bien décidée à tenir le plus longtemps possible, se servant de ses capacités de réflexion comme de ses talents de chasseuse. Thriller, roman de SF, mais aussi roman d'initiation, Hunger games est servi par un style efficace et précis et une excellente construction, qui en font un roman que l'on ne peut pas lâcher jusqu'à la fin. Il y aura encore deux volumes pour, on l'espère, notre plus grand plaisir, mais rassurez-vous, chers happy few, pas vraiment de cliffhanger à la fin de ce premier volume : c'est toujours ça de gagné pour nos pauvres nerfs.
Suzanne Collins, Hunger games (The hunger games), Pocket jeunesse, 379 pages, octobre 2009