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  • sous les bombes

     Voilà un roman, chers happy few, que je n'aurais jamais eu l'idée d'ouvrir si on ne me l'avait pas mis dans les mains (il fait partie de la sélection du prix Landerneau) : le sujet ne me tente pas et je lis très peu de romans édités dans la Blanche, bref, autant de préjugés qui font que je serais passée à côté et ça aurait été vraiment dommage, tant ce roman, dense et foisonnant est une excellente découverte! L'histoire de cette jeune fille, écartelée entre la France et le Liban (sa mère, enfuie avec un amant, était Française), entre la guerre qui fait rage à l'extérieur et la quiétude illusoire et trompeuse de son foyer (sa famille vit comme s'il n'y avait pas de combats, pas d'obus, pas de tireurs embusqués), entre la modernité procurée par son père (elle est libre, elle va au Lycée, même sous les bombes, elle traîne dans les rues dangereuses) et le traditionalisme de ses oncle et tantes (ils veulent qu'elle porte le voile, qu'elle accepte un mariage arrangé, qu'elle ne bouge plus de la maison) est d'une incroyable violence à la fois montrée et retenue, qui sourd des paragraphes où alternent la première et la troisième personne, comme si parfois cette narratrice se regardait vivre de loin, tant la réalité est douloureuse. Cette histoire initiatique est magnifiquement servie par une langue acérée et froide comme l'acier des armes et par un style vraiment très beau, extrêmement puissant. On suit cette histoire en sentant monter progressivement un sentiment d'inéluctable jusqu'à la fin, espèce d'apothéose abrupte et brutale qui m'a laissée sans voix.