Grâce à Zag, parti depuis se ressourcer dans un ashram en Patagonie, je vais vous faire découvrir, chers happy few, une discipline ésotérique qui va bouleverser vos vies.
J'ai nommé la kokologie.
Qu'est-ce donc ? Si l'on en croit l'étymologie, qui m'a toujours sortie des situations les plus embarrassantes ("la salopette, c'est une petite salope ?" me demanda un jour un élève de 6ème à l'issue d'un cours absolument fascinant sur les suffixes...Sans me démonter je lui ai répondu qu'avec la salopette, portée initialement par les ouvriers, on pouvait se saloper, donc se salir ; Alain Rey est mon dieu vivant, parfois j'ai l'impression qu'il s'incarne en moi, c'est une totale expérience mystique... et je viens de faire monter mes stats de manière vertigineuse), la kokologie donc -qu'il ne faut surtout pas confondre avec la bobologie, étude des traumas afférents aux chocs subis par un épiderme fragile, et encore moins avec la totologie, étude des blagues de maternelle mettant en scène le personnage de Toto comme référent cathartique des enfants- doit être, si j'en crois les cours de grec ancien, l'étude du koko.
Eh bien, non, chers happy few, il s'agit de l'étude du kokoro, terme qui désigne en japonais "l'esprit, les sentiments". Je trouve, en bonne analyseuse de cheveux en quatre que ces deux mots ne vont pas vraiment ensemble, mais je ne polémiquerai pas, car aujourd'hui n'est pas un jour faste pour la polémique m'ont dit les haruspices.
La kokologie est donc une science, pratiquée au Japon et les gens qui en sont diplômés sont des psy reconnus (ou qui tentent de nous le faire croire en écrivant leurs titres sur la couverture, la quatrième de couverture et la page de garde).
En quoi consiste-t-elle ? Eh bien, il s'agit de placer le sujet devant une situation de la vie quotidienne, de lui proposer 4 réactions ou pensées possibles et d'analyser ses réponses afin de dresser son profil psychologique.
Par exemple, on vous demande ce que vous prenez au petit déjeuner. Les amateurs de Ricorée ont eu une enfance difficile, ceux qui aiment le café sucré ne savent pas faire face à des situations corsées, ceux qui aiment le café noir sont des amateurs de sensations fortes et ceux qui n'aiment que le thé sont des chochottes. Ne cherchez pas cet exemple dans un manuel de kokologie (décidément, je ne me lasse pas d'écrire ce mot), je l'ai inventé parce que moi aussi je me prépare à passer le diplôme de kokologue, moi aussi je veux vendre des livres qui aident les gens à mieux se connaître, non mais, pourquoi ne kokologiserais-je pas ? (S'entraîner à dire la fin de cette phrase plusieurs fois d'affilée est un bon exercice d'articulation, si Démosthène avait connu cette discipline, il aurait évité d'avaler des cailloux...)
En même temps, côté situation de la vie quotidienne, la perplexité m'envahit parfois... Jugez plutôt.